Par Ruth Warick
À quelle condition feriez-vous du vélo? Ce titre d’un article de mon journal local a attiré mon attention. La plupart des gens répondront qu’il faut avoir les moyens de s’offrir un vélo et tout l’attirail de cycliste et éviter une chute et une blessure à la tête ou ailleurs. Je répondrais probablement de la même manière à une différence près : mes preoccupations en matière de sécurité sont multipliées à cause de ma déficience auditive.
La sécurité de l’environnement est très précieuse pour beaucoup d’entre-nous compte tenu de notre déficience auditive. Elle m’a assurément rendue consciente visuellement de mon environnement; je suis constamment à l’affût de signes de danger comme conductrice et comme piétonne. De plus, des craintes d’ordre sécuritaire m’ont empêchée de sortir sur ce sympathique véhicule à deux roues jusqu’à je sois devenue plus grande et qu’il ait été très sécuritaire de faire du vélo.
Pendant des années j’ai fait du vélo stationnaire et celui que j’utilise maintenant est placé près du téléviseur. Je peux regarder le canal météo, une emission d’aménagement d’intérieur et paysager ou toute autre émission choisie au dernier moment pendant que je pédale. Parfois, la cycliste stationnaire que je suis épluche un journal du matin qui se demande dans quelle mesure est-ce réellement de l’exercice!
Aucune importance, c’est mieux que rien. Il y a quelques années, j’ai rabâché à mon défunt mari que je voulais une bicyclette pour aller dehors et profiter du grand air et des boisés près de chez nous. Cependant, il m’a laissé carte blanche en la matière pour une raison simple : il craignait pour ma sécurité à cause de mon ouïe.
Cycliste expérimenté lui-même qui se risquait au trajet de la maison au centre-ville encombré, il parlait en connaissance de cause et pesait donc ses mots. Probablement comme vous, j’ai connu quelqu’un qui est mort en se rendant au travail en vélo – dans mon cas, il s’agit d’une femme de 33 ans dont la bicyclette est entrée en collision avec un autobus au centre-ville de Toronto. Je n’avais pas l’intention de devenir une autre statistique.
Actuellement, les rues et les routes ont toutefois changé dans nos villes. Elles sont devenues beaucoup plus accueillantes pour les cyclistes, comme dans certaines régions d’Europe où de nombreux cyclistes malentendants se promènent régulièrement sans compromettre leur sécurité. Ils roulent sur des pistes cyclables désignées et vivent là où le cyclisme est une activité courante, ayant priorité sur les piétons et les automobiles.
Actuellement, je peux rouler en vélo sur une piste cyclable désignée à six coins de rues avoisinantes à l’ouest de la maison. Je travaille dans une université qui encourage donc grandement un campus accueillant pour les cyclistes. En outre, nous avons un maire vancouverois actif qui adore faire du vélo et il s’est distinguee pour avoir commandé un piste cyclable désignée sur un des principaux ponts de la ville. Si je me sens suffisamment brave, je peux même m’y aventurer. Pour le moment, cependant, je crois que je vais y aller de coups de pédale prudents sur les pistes cyclables désignées du campus, mes appareils auditifs bien installés sous mon casque… me sentant enfin en sécurité.