Pour l’amour de l’ASL

Marshall Chasin
February 12, 2013

by John Bisson

Reprinted from the Summer 2012 issue of Vibes magazine, with kind permission of the Canadian Hearing Society.

Je suis réellement heureux d’être instructeur de l’American Sign Language (ASL) (langage gestuel américain) à la SCO. J’adore le langage, la culture des sourds, l’enseignement et l’apprentissage et j’espère pouvoir inciter des étudiants du langage à devenir interprètes.

Je n’ai pas toujours été sûr de mon identité comme personne malentendante. Je suis né à New Liskeard, Ontario, il y a 64 ans. Je suis devenu sourd à neuf mois des suites d’une rougeole et d’une forte fièvre prolongée. Ma grand-mère se doutait que j’étais sourd; ma mère ne voulait pas y croire, mais elle m’a emmené voir le médecin. Il m’a fait passer un examen auditif – qui a cette époque consistait à faire sonner une clochette… que je n’ai pas pu entendre – et il m’a qualifié de profondément sourd. Le médecin a présenté deux options à mes parents : l’école pour étudiants sourds à Belleville ou un programme de communication orale pour étudiants sourds à Toronto. Lorsque j’ai eu trois ans, nous avons déménagé à Toronto. J’ai fréquenté plusieurs écoles et obtenu un grade de Northern Secondary en 1969.

Ma mère n’était pas certaine de la façon d’élever un fils sourd. Elle m’a appris comment lire sur les lèvres et tard le soir, pendant de nombreuses années, je m’y suis exercé avec Nellie McDonald et Soeur Margaret Flynn qui sont maintenant décédées. Je me souviens de la fierté que je ressentais à pouvoir bien parler quand j’étais enfant.

Alors que j’avais 13 ans, je suis entré dans un magasin de vêtements à New Liskeard. J’ai parlé et en m’entendant, le vendeur a reconnu mon accent de personne sourde. Il m’a fait un geste ’attendre un moment, a quitté les lieux, puis est revenu avec un monsieur âgé qui utilisait l’ASL. Par la suite, plusieurs années durant, j’ai appris l’expression gestuelle, mais sans jamais réellement l’accepter pour moi-même. Ce n’est qu’après avoir épousée ma femme chérie, Margo, une femme sourde qui utilise la parole et l’ASL, que je me suis plus beaucoup plus engagé envers l’ASL et les communautés sourdes de Belleville, Milton, Toronto et de nombreuses autres.

J’ai assisté à des ateliers portant sur la culture sourde et le langage ASL offerts par la SCO et ma vie a été transformée. J’ai découvert où mon instinct cherchait à me conduire depuis longtemps, vers l’acceptation et la compréhension de mon identité de personne sourde. La communication par l’ASL m’a permis d’éliminer la frustration, les sueurs froides et le stress que je ressentais en communiquant oralement et en lisant sur les lèvres. J’observais laborieusement chaque mot lorsque je lisais sur les lèvres et j’étais souvent confus : imaginez un instant essayer de distinguer sur les lèvres les mots « route », « rouge », « vin » et « vent »!

Je suis ensuite devenu enseignant de l’ASL – maintenant avec 21 ans d’expérience – et j’ai enseigné au Durham College, George Brown, Bob Rumball Centre for the Deaf, ainsi qu’à la SCO à Newmarket, Barrie et Toronto.

Selon mon expérience, trois facteurs clés régissent la formule enseignement-apprentissage: patience, respect et bonne attitude. Mes étudiants sont une inspiration pour moi et j’espère que c’est réciproque. Il est important d’encourager et de soutenir les étudiants et de leur permettre de pratiquer dans un environnement d’apprentissage favorable. Il est vrai qu’on a besoin d’interprètes plus qualifiés et j’espère que mes étudiants pourront choisir de devenir interprètes à leur tour. Certains d’entre eux m’ont déjà dit et m’ont flatté en me le disant que j’avais une influence stimulante et positive. « Père interprète » disent-ils.

J’ai pris ma retraite il y a 13 ans en quittant mon poste au ministère du Travail que j’ai occupé pendant 30 ans et actuellement j’enseigne l’ASL à temps partiel. J’enseigne également la littérature au Family Communications Program, je suis bénévole auprès du Barrie Deaf Senior Citizen et de la Simcoe County Association of the Deaf à Barrie, je joue à l’euchre et au golf dans la communauté sourde, je socialise, je voyage et j’ai plusieurs autres passetemps également.

J’ai aussi élevé deux enfants, les deux entendants, les deux allant bien et me remplissant de fierté, et les deux pouvant s’exprimer par signes et respectant la culture sourde. Ma fille Jennifer est interprète et travaille pour le Service d’interprétation de l’Ontario à la SCO de Toronto.

Mon petit-fils Jason, enfant de Jennifer, est pour moi une source de vif enthousiasme. Il apprend l’ASL. Un de mes rêves se concrétise: emmener mon petit-fils au terrain de jeu, au parc d’attractions et à la plage, jouer, dessiner, lire et parler par signes avec lui. Je suis un grand-papa très fier.

Depuis mon premier emploi d’été dans l’ancien local de la SCO de Toronto sur Bedford Road jusqu’à l’enseignement de l’ASL à ma retraite, j’ai toujours été une personne cherchant à apprendre qui pensait que nous devions tous être positifs, encourager les autres et offrir un soutien et faire preuve de patience, s’amuser, être à l’écoute, être généreux et continuer d’apprendre et de motiver les autres.

Leave a Reply