Republished from the February 2008 issue of Listen/Ecoute, with kind permission of the Canadian Hard of Hearing Association.
par Francine Kennedy
Selon l’Association des malentendants canadiens (AMEC) et l’Association des Sourds du Canada (ASC), près de trois millions de Canadiens ont une forme quelconque de déficience auditive, d’où l’importance de trouver des solutions novatrices, comme le sous-titrage par reconnaissance vocale, pour leur faciliter l’accès à l’information.
Puisqu’un très faible pourcentage des personnes sourdes et malentendantes comprennent la Langue des signes québécoise (LSQ) ou l’American Sign Language (ASL), l’accès quotidien à l’information en direct à la télévision grâce au sous-titrage, que ce soit pour les bulletins de nouvelles, la météo ou encore l’actualité parlementaire, est beaucoup plus qu’un besoin : c’est une NÉCESSITÉ.
Depuis une vingtaine d’années déjà, la Chambre des communes offre au grand public canadien le sous-titrage anglais en direct, par sténotypie, de la période de questions sur la Chaîne d’affaires publiques par câble (CPAC). Or, jusqu’à présent, les personnes sourdes et malentendantes francophones avaient, pour leur part, uniquement accès à l’interprétation visuelle en LSQ sur ce même réseau.
Un travail d’équipe fructueux
Dans le but de mieux servir cette clientèle et pour pallier la pénurie de sténotypistes de langue française, la Chambre s’est tournée, en 2005, vers le Bureau de la traduction. Ensemble, ils ont mis sur pied une équipe de projet qui avait pour mandat d’évaluer et de mettre à l’essai les solutions technologiques proposées.
En avril dernier, l’équipe a arrêté son choix sur le système STDirect, unique dans le monde de la francophonie. Ce système, conçu et développé par le Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM), permet, grâce à son logiciel de reconnaissance exclusif à la fine pointe du progrès, de traduire phonétiquement et de transcrire la parole à l’écran en temps réel.
Une solution « humaine » et technologique
Les sous-titreurs vocaux, qui voient et entendent à distance ce qui se passe à la Chambre, répètent au logiciel qui est calibré à leur voix ce que dit le député en français sur le parquet ou l’interprète en cabine lorsque l’orateur s’exprime en anglais. En quelques secondes à peine, le système retranscrit les paroles du sous-titreur en format texte qui est alors codé et transmis par ligne téléphonique à CPAC et aux télédistributeurs.
En raison des variantes de prononciation des députés ne s’exprimant pas dans leur langue maternelle et de la vitesse d’élocution des interprètes, qui doivent traduire simultanément de vifs échanges dans un environnement arfois très bruyant, le sous-titreur doit faire preuve de jugement et contourner les difficultés en utilisant une « formule équivalente » que pourra reconnaître le logiciel.
Les représentants de l’AMEC, qui ont activement participé à l’évaluation de la qualité de cette technologie des plus prometteuse pour le sous-titrage en direct, ont dit également vouloir s’imprégner de l’ambiance qui règne sur le parquet de la Chambre grâce à l’ajout de descripteurs (RIRES, BRUIT, SILENCE, APPLAUDISSEMENTS, etc.) qu’insère le sous-titreur à l’aide d’une manette de jeu vidéo.
D’ailleurs, selon eux, « le projet de sous-titrage à la Chambre des communes ouvre la porte du Parlement à tous les Canadiennes et Canadiens malentendants ou sourds […] ».
Expertise linguistique
C’est le Bureau de la traduction, en raison de son expertise, qui se charge d’évaluer la qualité linguistique du sous-titrage. Aussi, étant donné la complexité grammaticale du français et le fait que l’accentuation des caractères et la représentation numérique des chiffres, par exemple, favorisent grandement la compréhension des sous-titres, le Bureau travaille en étroite collaboration avec le CRIM et des télédiffuseurs pour améliorer sans cesse le roduit final au profit de l’ensemble de la population sourde et malentendante.
Une première canadienne
À l’heure actuelle, les télédiffuseurs qui assurent le sous-titrage le font en une seule langue. Ils ont aussi le loisir de le faire en différé ou de préparer d’avance une bonne partie (plus de 50 %) du texte diffusé. Or, en plus d’offrir le sous-titrage de la période des questions en deux langues, souvent avec interprétation, la Chambre des communes sera la seule institution au pays à présenter ses débats sous-titrés en direct et simultanément.
La rentrée parlementaire de l’automne 2007 s’amorce donc sous le signe de l’innovation, et le Bureau de la traduction est un acteur primordial de cette grande première technologique, qui représente la voie de l’avenir.
L’Actualité langagière, Bureau de la traduction, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, volume 4/3, septembre 2007, p. 5-6.
Francine Kennedy est la présidente et directrice générale du Bureau de la traduction, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.