Par Alex Varley
PDG de Media Access Australia, l’organisme sans but lucratif qui travaille avec les organisations communautaires, le gouvernement et l’industrie afin d’établir l’accès aux médias et à l’information, explique comment cela s’est produit.
L’Australie était en retard en matière d’accès au cinéma, nous observions le sous-titrage de la télévision et des DVD se répandre, mais le cinéma soulevait un important problème. Nous avions négocié une solution de sous-titrage visible (en utilisant les imprimés avec sous-titrage visible produits par Tripod, à l’origine le système d’accès DTS) et nous étions limités à trois séances par semaine dans 12 endroits. Un arrangement gouvernemental datant de deux ans nous accordait 12 autres endroits dans le réseau indépendant, mais ne laissait entrevoir aucune perspective réelle d’amélioration. Les négociations avec les grandes chaînes ont piétiné pendant des années.
Le problème était que la « solution » était la « solution à un handicap spécial », pas une solution grand public. De mauvais moments de visionnement, une mauvaise couverture, un mauvais choix et par conséquent un manque de clientèle étaient des signes (déformés) de succès pour les cinémas qui ne voyaient aucune raison d’étendre « l’échec ».
De mauvaise grâce, ils ont proposé un arrangement et cherché une dérogation à la Loi sur la discrimination fondée sur la déficience (le système australien) dans le cadre de cette démarche. Quelques 20 autres endroits ont été offerts. Ils pensaient avoir calmé tout le monde, mais ce n’était pas suffisant et beaucoup de gens ont jugé qu’ils n’avaient rien à perdre.
Cette mauvaise offre a provoqué un important recul de la communauté et déclenché une campagne lancée par des groupes d’action. On peut dire que certains messages étaient simplistes et quelque peu ambigus, mais au bout du compte ils ont déclenché une tempête politique qui a abouti au rejet de l’arrangement par la Commission des droits de la personne et qui a produit une abondante publicité nationale.
Un chevalier a chevauché dans cette tempête. Ce chevalier a conçu un arrangement. L’arrangement a été négocié et promu par l’honorable député Bill Shorten, secrétaire parlementaire chargé des personnes handicapées (maintenant trésorier adjoint nouvellement entré en service). En qualité d’ancien chef syndical, il était habitué à réunir des societies autour d’une table et à négocier des résultats. Il a utilise cette approche pour promouvoir l’accès. À la base, l’industrie était intéressée à faire la bonne chose et il a alors proposé que le gouvernement contribue environ 20 p. 100 des coûts pour montrer qu’il était sérieux.
M. Shorten a passé deux ans à s’informer des enjeux et des organisations de consommateurs et il a parfaitement compris les besoins. Il a réellement placé l’industrie cinématographique devant un choix douloureux : faire quelque chose de proactif ou risquer que le gouvernement examine la réglementation. La plupart des sociétés auraient plutôt contrôlé leur propre avenir que de le soumettre aux caprices d’une offre gouvernementale rejetée.
Nous avons vu des situations où des groupes de personnes handicapées étaient divisés sur certaines questions. Un important facteur de succès était de garantir que les groupes de personnes sourdes, malentendantes et aveugles travaillaient ensemble. Les groupes de personnes aveugles étaient essentiels – le sous-titrage et la description vidéo vont de paire en ce qui a trait à la production et les solutions sont des éléments communs. Une approche combinée ajoutait une nouvelle voix et un autre demi-million de membres du public dans le processus. Cette stratégie avait déjà bien fonctionné pour l’accès aux DVD.
Le système utilisé est CaptiView, un produit numérique Doremi (https://www.doremicinema.com/PDF/CaptiViewSheet.pdf). Le sous-titrage est assuré et le client peut s’assoir n’importe où dans la salle de cinéma. L’unité d’affichage fonctionne sans fil et elle s’insère dans le porte-gobelet à maïs soufflé. Le changement quantitatif pour les cinémas était la technologie. Liés au développement du numérique, ils disposaient finalement d’une solution abordable qui leur permettait d’abandonner les projections spéciales avec sous-titrage visible. Cela changeait complètement les règles du jeu et permettait d’offrir à l’auditoire exactement ce qu’il voulait, sans « emprisonner » des projections intéressantes dans ces visionnements soustitrés spéciaux.
Le plus important est que CaptiView était considéré comme la solution actuellement disponible. Au moment de la publication, la mise en oeuvre n’avait pas encore démarré mais était imminente. De nombreuses questions sont soulevées. Combien d’unités seront installées? Comment seront-elles annoncées? Où seront-elles installées en premier?
Ce sont des détails qui prendront beaucoup de temps et qui susciteront de nombreuses discussions au cours des prochains mois, mais ils touchent simplement la mise en oeuvre. L’important est de régler la question du principe en premier lieu. Le principe est l’accès. Si la mise en oeuvre soulève des problèmes, vous pouvez y travailler, mais des personnes tentaient de régler tous les détails avant d’adhérer au principe de base de chaque cinéma, de chaque projection. On s’est également engagé à examiner la nouvelle technologie à mesure qu’elle évolue. Il s’agit réellement d’un changement majeur et d’une attitude majeure.
Des personnes investissent beaucoup d’efforts à être en colère, à dénigrer l’offre qui n’est jamais assez bonne, à déclarer qu’elles ne seront satisfaites que lorsqu’elles obtiendront tout, maintenant. La plupart des gens sont plus accommodants, mais ils ne veulent pas être pris pour des idiots. L’arrangement initial proposé n’a pas satisfait des personnes raisonnables et ce fut la grosse erreur.
De nombreuses personnes handicapées réclameront le devant de la scène pour avoir permis que l’arrangement ait lieu. Laissons-les se placer sous les projecteurs si cela peut leur faire du bien. Cet arrangement s’est produit parce que de nombreuses personnes, pendant longtemps (10 ans et plus), se sont échinées sur le problème et ont continué de s’exprimer. Finalement, la technologie nous a rejoint et a offert une solution relativement facile, mais sans cet effort soutenu au fil des ans, la technologie aurait pu être ignorée parce qu’elle aurait été trop dispendieuse. Notre organisation, Media Access Australia, a contribué à maintenir l’intérêt et à contrer l’information biaisée et erronée des deux côtés. Il y a eu de nombreux appels téléphoniques et communications en coulisse, et les personnes concernées savent de qui il est question et ce qu’elles ont fait pour l’accès.
Le plus grand moment résultant de notre dur labour est le simple fait de voir un film. Comme le commissaire australien (qui est aveugle) aux droits de la personne l’a rappelé, il s’agit l’aller au cinéma et de partager une expérience avec vos enfants, d’être integer et de profiter de ce plaisir simple que beaucoup d’autres tiennent pour acquis.
L’arrangement vise les quatre grandes chaînes de cinéma; Hoyts, Birch Carroll and Coyle, Greater Union et Village. Les cinémas indépendants et les plus petites chaînes doivent encore annoncer leurs stratégies et leurs futures mesures en matière d’accès, mais la décision des principales chaînes exerce une forte pression sur tous les cinémas afin qu’ils fournissent l’accès. Pour de plus amples renseignements : www.mediaaccess.org.au et www.yourlocalcinema.com.au